La défense passive désigne le service en charge de la protection de la population civile contre les attaques aériennes durant la Deuxième Guerre mondiale. Sa mission revêt principalement trois aspects :

la mise en place et l’entretien d’un réseau de surveillance et d’alerte,
le recensement de tous les lieux pouvant servir d’abri et la construction de nouveaux abris souterrains,
l’information et la sensibilisation de la population sur la conduite à tenir en cas d’alerte et sur l’utilisation des moyens de protection.

En Eure-et-Loir, les autorités jugent les villes de Chartres et de Châteaudun comme des cibles potentielles de bombardements aériens en raison de leur taille et surtout de la présence d’une base aérienne militaire importante à proximité. La défense passive y est alors logiquement beaucoup plus active que dans le reste du département. Ainsi, un réseau d’abris y est créé, assorti d’un système d’alerte aux populations. Une attention particulière est portée aux écoles pour assurer la plus grande sécurité possible aux enfants. La population est également mise à contribution. D’une part, elle est sollicitée pour participer aux structures encadrant la défense passive (îlots, comités, équipes mobiles de secours...). Dans ce cadre, tous les volontaires sont les bienvenus. Ils suivent une rapide formation pour apprendre à manipuler tout le matériel mis à leur disposition puis reçoivent un brassard et une affectation dans un des quartiers de la ville. D’autre part, la population doit maîtriser en temps record les procédures d’évacuation et d’extinction des incendies mises en place par le service de la défense passive. À ces dernières s’ajoutent des instructions très strictes transmises quotidiennement par le biais d’affiches ou de brochures distribuées gratuitement sur la voie publique. Parmi les plus importantes d’entre-elles, ne pas oublier de dissimuler toute lumière à la nuit tombée.

Parallèlement à la protection de la population, les autorités veillent à protéger le patrimoine culturel du pays ainsi que ses œuvres d’art. Les collections des musées nationaux parisiens sont dispersées à partir du mois d’août 1939 sur des sites moins exposés situés sur l’ensemble du territoire. En Eure-et-Loir, le château de Courtalain abrite les collections du château de la Malmaison, du département des antiquités égyptiennes du Louvre, de l’Ecole des Beaux-Arts et des collections particulières. En juin 1940, l’avancée des Allemands incite Jacques Jaujard, directeur des musées nationaux, à faire évacuer une partie de ce dépôt vers un autre château situé à Saint-Blancard, dans le Gers. Le château de Villebon accueille quant à lui les collections de la ville de Chartres.

De même, les monuments nationaux font l’objet d’aménagements particuliers afin de limiter les dégâts que causerait un bombardement. Le 25 août 1939, le ministère des Beaux-Arts ordonne au préfet d’Eure-et-Loir de faire immédiatement déposer les vitraux de la cathédrale de Chartres. Les Chartrains s’exercent à cette opération depuis 1936 à l’église Saint-André, dans le cadre de la défense passive. 22 entreprises, 22 échafaudages, 6 plateformes élévatrices, 1100 caisses, 182 dessins et plans sont nécessaires à la protection des 7700 panneaux (soit 2800 m² de vitraux). Les caisses sont conservées dans la crypte de la cathédrale où l’entreprise Lorin a établi un atelier pour nettoyer et restaurer ce précieux patrimoine. 105 000 sacs de terre ont également été utilisés pour protéger les portails de la cathédrale.

Malgré sa bonne volonté, le service de la défense passive est confronté en Eure-et-Loir à deux difficultés majeures qui rendent le bilan de son action très mitigé en juin 1940. Tout d’abord, le manque de moyens humains est criant : les nombreux appels au volontariat ne sont pas entendus par la population, y compris à Chartres et à Châteaudun où les habitants sont pourtant plus exposés aux bombardements. Ensuite, le manque de moyens financiers est patent. Tous les besoins en matériel et en abris pour protéger la population ne sont pas couverts. Ainsi, dans les zones jugées non-stratégiques par les autorités, c’est-à-dire partout dans le département en dehors de Chartres, de Châteaudun, de Dreux et de Nogent-le-Rotrou, toute l’organisation de la défense passive est confiée aux maires. Ces derniers sont totalement livrés à eux-mêmes pour faire appliquer des consignes très difficiles comme le camouflage des bâtiments les plus visibles de nuit, la définition d’abris, le creusement de tranchées ou encore la protection des écoles où, le plus souvent, la seule solution qui s’offre à eux est la simple dispersion des élèves en cas de bombardement.

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