Archives départementales d'Eure-et-Loir

Charte de la comtesse Liégeard, 978

FR AD 28 / H 500
Parchemin, 48 x 60 cm environ

 

La comtesse Liégeard

La comtesse Liégeard est une dame de la haute aristocratie franque.

Par son père, Herbert II, comte de Vermandois de 902 à 943, descendant de Pépin, Roi d'Italie et deuxième fils de Charlemagne, Liégeard est une princesse carolingienne.

Par sa mère, Hildebrande, fille de Robert, Roi de 922 à 923, elle est apparentée à la dynastie des Robertiens, qui se posent en rivaux des Carolingiens, affaiblis par les incursions normandes. Cette rivalité se terminera par la fondation d'une nouvelle dynastie, après l'élection au trône de France en 987 d'un prince robertien, Hugues Capet, cousin germain de Liégeard.

Celle-ci épouse d'abord Guillaume Longue-Epée, duc de Normandie de 932 à 942. Ce mariage marque l'alliance d'une partie de l'aristocratie franque avec les Normands, dans le cadre de rivalités attisées par la faiblesse de la monarchie. Aucun enfant ne naîtra de cette union, en raison sans doute du très jeune âge de Liégeard.

Après son veuvage, Liégeard épouse en secondes noces Thibaud le Tricheur, comte de Blois, puis de Chartres et de Tours, mort avant 978.

La date de son décès n'est pas connue.

 

Teneur de l'acte

La comtesse Liégeard fait don aux moines de l'abbaye chartraine de Saint-Père-en-Vallée, pour le repos de son âme et de celles de son père Herbert et de son époux Thibaud, de l'église de Juziers et des terres de Fontenay (aujourd'hui Fontenay-Saint-Père) et de Limay, situées dans le nord de l'actuel département des Yvelines, près de Mantes-la-Jolie.

L'abbaye bénédictine de Saint-Père-en-Vallée (comprendre "Saint-Pierre"), à Chartres, avait été fondée au VIe ou au VIIe siècle. L'ancienne église abbatiale est désormais l'église paroissiale Saint-Pierre de Chartres.


Description

Comme tous les actes de cet époque, la donation de la comtesse Liégeard est rédigée sur parchemin.

Pour en savoir plus sur la fabrication du parchemin.

Très abîmé, taché et déchiré aux plis, ce document a été restauré en 2002.

La disposition du texte permet de bien distinguer les différentes parties qui le constituent :

  • le texte de l'acte proprement dit, qui comprend un préambule ou exposé des motifs et le dispositif même de la donation ;
  • les moyens de validation, qui sont ici les souscriptions des trois enfants de la comtesse et de l'évêque Eudes, ainsi que la liste des témoins dont la présence, lors de la cérémonie, garantit l'authenticité de la donation ;
  • sous la liste des témoins, la confirmation de la donation par les deux fils de la comtesse ;
  • et enfin la date.

 

Un nouveau métier

La charte de la comtesse Liégeard est l'acte le plus ancien rédigé à Chartres qui soit conservé aux Archives départementales d'Eure-et-Loir.

Sa conservation n'est pas seulement le fruit du hasard. Il a bien fallu que quelqu'un décide que ce document serait conservé, et veille ensuite à sa conservation.

Elle marque donc l'apparition à Chartres à la fin du Xe siècle, parmi les moines de l'abbaye de Saint-Père-en-Vallée, d'un nouveau métier, celui d'archiviste !

 

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