Archives départementales d'Eure-et-Loir

Plan de l'Eure en amont de Nogent-le-Roi, 1473

Plan de l'Eure en amont de Nogent-le-Roi, 1473

FR AD 28 / C 69
Plan sur parchemin, dessiné à l'encre et gouaché, 49 x 31 cm environ

 

La navigation sur l'Eure

Au XVe siècle, l'Eure semble avoir été navigable jusqu'à Nogent-le-Roi.

Différents indices laissent supposer qu'elle devait l'être jusqu'à Chartres dans l'Antiquité.

La construction de nombreux moulins, de ponts et de gués, et sans doute aussi le défaut d'entretien du lit de la rivière, que l'on a laissé envahir par la vase et les herbes, ont ensuite constitué autant d'obstacles à la navigation.

En 1443, c'est-à-dire à une époque de reconstruction du royaume après les destructions de la guerre de Cent Ans, le Roi Charles VII autorise les habitants de Chartres à entreprendre des travaux destinés à rendre le cours de l'Eure à nouveau navigable à partir de leur ville.

Il s'agit d'aménager dans les barrages sur lesquels sont établis les moulins des "portes à bateaux", c'est-à-dire des écluses, de reconstruire certains ponts en donnant aux arches des dimensions permettant le passage des bateaux, de supprimer les gués, de creuser le lit de la rivière et de le nettoyer de tout ce qui l'encombre, enfin d'aménager un chemin de halage.

Les investissements nécessaires et les dépenses d'entretien seront financés par des péages créés au port de Chartres et au passage des différentes portes à bateaux.

Toutefois, la navigation de l'Eure heurte divers intérêts : ceux d'abords des autres usagers de la rivière, meuniers et pêcheurs, mais aussi ceux des propriétaires riverains dont les terres sont endommagées par les travaux ou foulées par les chevaux qui halent les bateaux. Les plus influents d'entre eux demandent réparation devant la justice du Roi et obtiennent une indemnisation qui enchérit le coût de la navigation, et conduit certains marchands à préférer les transports par voie de terre.

En outre, certains seigneurs riverains, s'appuyant sur leurs droits de justice, exigent des bateliers des péages non prévus et s'opposent par la force au passage des bateaux. Parfois, bateliers et riverains en viennent aux mains.

En raison de ces difficultés, la navigation sur l'Eure est interrompue avant 1480.

De nouvelles tentatives, en 1490, puis vers 1540 et encore au XVIIe siècle, ne connaissent pas plus de succès. Au XVIIIe siècle, la navigation sur l'Eure ne remonte pas au-delà de son confluent avec la Blaise, près de Dreux.

 

Le conflit avec le seigneur de Villiers-le-Morhier

De tous les conflits entre bateliers et riverains, celui qui oppose en 1471 les marchands de Chartres au Seigneur de Villiers semble avoir été le plus violent.

Jean Morhier, Seigneur de Villiers, soucieux de faire respecter un péage contesté, a fait construire en travers de la rivière un batardeau, destiné à empêcher le passage des bateaux.

Les marchands de Chartres tentent de passer en force, en envoyant des ouvriers démolir le barrage, mais ceux-ci sont faits prisonniers par les hommes du Seigneur.

Au cours d'une expédition punitive, les Chartrains, venus en nombre, réussissent à délivrer les prisonniers. L'affaire dégénère et, peu de temps après, un domestique du Seigneur de Villiers est tué lors d'un affrontement armé qui oppose des habitants de Chartres et de Nogent-le-Roi.

Le contentieux est jugé en 1473 devant le Parlement de Paris, qui rétablit la liberté de navigation sur l'Eure mais confirme le droit du Seigneur de Villiers à instituer un péage.

 

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